Elements – août 2025

Les systèmes isotopiques radiométriques jouent depuis longtemps un rôle essentiel dans les géosciences, tant pour la datation absolue que pour la recherche des sources de magmas, de sédiments et de fluides. Parmi ces géochronomètres, le couple radiométrique à longue durée de vie rhénium-osmium (Re-Os) est unique en ce que le parent, le rhénium, et le descendant, l’osmium, sont tous deux hautement sidérophiles, chalcophiles et organophiles. Cette combinaison inhabituelle permet d’utiliser le système Re-Os pour étudier et dater un large éventail de cibles géologiques qui seraient autrement inaccessibles à l’aide des géochronomètres lithophiles classiques. Les propriétés géochimiques exceptionnelles qui font du système Re-Os un outil géochimique si utile ont également posé des défis analytiques majeurs. Au cours des dernières décennies, ces défis ont été relevés un à un grâce à une série de percées. Chaque percée a apporté de nouvelles connaissances et ouvert de nouvelles perspectives. Mettant l’accent sur la perspective historique, ce numéro d’Elementsrésume les premiers défis, les percées marquantes et l’étendue des applications du Re-Os disponibles aujourd’hui. L’accrétion terrestre et la dynamique ancienne et moderne du manteau sont abordées à travers des études Re-Os sur des météorites, des péridotites et des basaltes. Plus près de la surface terrestre, les études Re-Os des sulfures, notamment de la molybdénite, révèlent l’histoire temporelle et fluide des systèmes de minéralisation. Le Re-Os est essentiel pour dater et corréler les schistes noirs, évaluer la toxicité marine et les extinctions massives, et reconstruire des systèmes pétroliers entiers. Les applications de ce système isotopique polyvalent continuent de se multiplier.

RÉDACTEURS INVITÉS : Holly Stein (Applied Isotope Research, Industry and Environment (AIRIE), États-Unis ; Université d’Oslo, Norvège) et Laurie Reisberg (Université de Lorraine, France)